La nouvelle série Dragon Ball Super (DBS) apporte tout un lot de nouveautés dans l’univers Dragon Ball : nouvelles transformations, nouveaux Dieux, nouveaux ennemis et nouveaux lieux. C’est ce que nous attendions depuis une vingtaine d’années suite à la fin de DBZ (DB GT n’a jamais existé). Mais DBS apporte également de nombreux problèmes divers qui ont été évoqués dans cet article. Je vous invite fortement à le consulter en prérequis avant de continuer.
Brièvement et pour les retardataires, les deux principaux problèmes de cette nouvelle série sont les suivants :
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le manque d’aspect dramatique des épisodes. Les enjeux des combats semblent faibles ou amenés avec trop de légèreté. D’autant plus que ces mêmes combats ont peu d’intensité par rapport aux deux séries précédentes que sont DB et DBZ.
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des problèmes de cohérence gênants vis-à-vis de l’univers de Dragon Ball. C’est notamment le cas sur les forces des personnages.
Nous allons donc nous pencher sur ce dernier point relatif aux puissances. Ce sujet nourrit souvent de nombreux débats auprès des fans.
Des chiffres et des lettres ...
Une des nouveautés de Dragon Ball Z a été l’introduction du scouter par l’armée de Freezer. Ce petit dispositif bien pratique, faisant office de lunette, permet d’évaluer le niveau de puissance de n’importe quelle personne. Grâce à cette pirouette scénaristique, nous avons pu précisément suivre l’évolution des forces des différents personnages pour apprécier à juste titre les différences de niveaux de chacun. Au début de DBZ, lors de l’arrivée de Raditz, les mesures se situaient autour de quelques centaines d’unités. Petite parenthèse, l’unité de mesure des puissances d’un scouter est tout simplement appelé unité; difficile de faire plus simple.
Un homme lamba possède 5 unités
C’est à la première apparition de cet appareil, qu’on a pu chiffrer précisément la différence de force entre un homme lambda et des guerriers comme Goku, dotés de pouvoirs extraordinaires. Un homme armé d’un fusil, possède une puissance de 6 unités, alors que Goku, lors du combat contre Raditz avoisinait les 400. Très rapidement, les forces ont évolué de façon significative lors du combat face à Nappa et Vegeta pour arriver autour de la dizaine de milliers d’unités. Puis sur Namek, la courbe des puissances a évolué de façon exponentielle pour atteindre des niveaux difficilement représentables humainement. En effet, la barre de la centaines de millions d’unités est dépassée lors de l’apparition du super saiyen. C’est à ce niveau du scénario que les chiffres des puissances ont officiellement disparu des radars avec la destruction des scouters. Et puis honnêtement, il faut bien avouer qu’un nombre avec trois zéros est facilement représentable mais qu’un nombre composé de plus six zéros est plus difficile à appréhender. L’abandon des chiffres est donc justifié.
Evolution de la force de Son Goku en unités
(impossible de tracer la courbe complète car elle finirait 100 mètres au dessus de votre écran pour le SSJ)
Pendant l’époque des cyborgs, il fallait se fier au ressenti des personnages pour avoir une indication de la puissance des différents protagonistes. Nous sommes dans l’âge d’or de Dragon Ball Z ou le super saiyen fait figure de référence. Un terrien comme Krilin ne pèse rien par rapport à un Cell possédant la force de SSJ. C’est comme comparer une Porsche face à une trotinette si l’on fait une analogie parlante. D’ailleurs, il y a une scène représentative de cette différence de force : sous sa deuxième forme d’évolution, Cell se fait attaquer par Krilin qui le frappe plusieurs fois de toutes ses forces; la créature ne réagit pas du tout aux différents coups du terrien comme s’il s’agissait d’une vulgaire mouche.
Ce moment de l’histoire dans DB où Cell évolue deux fois pour atteindre sa forme parfaite est intéressante à plus d’un titre : par rapport aux raisons évoquées ci-dessus, mais aussi pour comprendre qu’il existe des niveaux de force différents entre plusieurs SSJ1. La force de Vegeta après son entraînement dans la salle de l’esprit et du temps est bien plus importante qu’avant, alors qu’il est toujours en SSJ. Il a gagné facilement son combat face à Cell en deuxième forme, alors qu’il aurait perdu facilement ce même combat avant son entraînement intensif malgré son niveau de SSJ. Bref, on apprend qu’un SSJ1 n’est pas la transformation parfaite et qu’il est toujours possible d’évoluer : avoir encore une plus grande force et même atteindre une transformation supérieure, le SSJ2.
Vegeta plus fort qu'un simple SSJ
La dernière partie de DBZ n’apporte pas vraiment de nouveauté sur ce plan-là. Oui, il y a encore une nouvelle transformation que seul Goku atteint ; mais on est dans la continuité de ce qui s’est fait auparavant (à l’exception de Gohan et son fameux mode mystique équivalant plus ou moins à un SSJ3). D’ailleurs cela pourrait parfaitement être la transformation ultime qui indiquerait que la boucle est bouclée. En effet, à ce stade le saiyen retourne sous sa forme initiale. C’est un peu le même principe au judo : la ceinture d’un débutant est de couleur blanche et la ceinture la plus élevée est aussi blanche signifiant que l’apprentissage n’est jamais terminé.
La différence était déjà gigantesque entre un terrien et un super saiyen. Désormais, le fossé entre les saiyens et les autres est astronomique. Ces derniers ne participent plus aux combats et se contentent d'observer de (très) loin.
Bien que l’univers de Dragon Ball soit totalement fictif et irréaliste, Toriyama avait posé des bases logiques qu’il respectait. Si nous excluons le mode mystique bien particulier, la logique est la suivante :
forme normale <<< SSJ1 <<< SSJ2 <<< SSJ3
C’est presque une loi fondamentale de physique, mais relative à Dragon Ball. C’est en quelque sort le E=MC2 de Dragon Ball.
Et là, le drame arrive !
Tout allait bien dans le meilleur des mondes, mais un beau jour, Dragon Ball Super arrive en apportant son lot de transformations. On introduit alors le super saiyen god. Son niveau est bien supérieur à un SSJ3 et sa puissance est censée être comparable à celle d’un Dieu. La petite nouveauté est que la force d’un Dieu ne peut être ressentie et que donc l’énergie émanant d’un SSJG est nulle. Plutôt pratique pour combattre efficacement et la justification reste tout à fait réaliste dans l’univers de Dragon Ball. Chacun se fera son propre avis sur la réussite des deux nouvelles formes ajoutées par DBS : le SSG comme évoqué précédemment et le super saiyen blue (SSB).
Le problème est plutôt lié à l’utilisation de ces nouvelles évolutions et également des anciennes. Logiquement on devrait se dire que la comparaison suivante est établie :
forme normale <<< SSJ1 <<< SSJ2 <<< SSJ3 <<< SSG <<< SSB
En réalité nous avons parfois :
forme normale = SSJ = SSJ2 < SSB (le SSJ3 et le SSG sont eux aux ordures car presque pas utilisés)
D’autres fois nous avons :
forme normale = SSJ = SSJ2 = SSB (les autres transformations sont maintenant passées à la déchetterie)
Ou même :
forme normale = SSJ = SSB (difficile de vraiment savoir si le SSJ2 est utilisé à certains moments car les graphistes ne semblent pas toujours respecter les subtilités de cette forme)
Vous l’aurez compris, les scénaristes font ce qu’ils souhaitent en fonction de leur humeur du moment. A vous maintenant de réaliser votre propre comparaison selon vos propres critères. Dans Dragon Ball Super tout est possible.
Goku en forme normale rivalise avec Hit
La règle établie à l’origine a totalement disparue et les rapports de puissance entre les différentes transformations sont devenues très flous. L’illustration parfaite à lieu lors du combat entre Hit et Son Goku. Ce dernier débute le combat sous sa forme normale et arrive très vite à rivaliser avec son adversaire, capable d’arrêter le temps et possédant un pouvoir similaire à un SSB. Si on suit une certaine logique, Goku n’aurait jamais pu rivaliser avec Hit sans utiliser ses transformations car sous sa forme normale, il n’est tout simplement pas aussi rapide qu’en SSB. En plus Vegeta en SSB avait lamentablement échoué face à Hit. Si nous essayons de reprendre les chiffres des puissances, la différence de force devrait être de plusieurs centaines de millions (voire de plusieurs milliards d’unités) entre Goku non transformé et Hit. Mais bizarrement, lorsque Goku se décide à utiliser son SSB, nous peinons à voir le changement. Il ne semble pas vraiment avoir gagné en efficacité. Par comparaison dans Dragon Ball Z, entre un SSJ1 et un SSJ2, la différence de comportement était clairement visite. Seul Gohan rivalisait avec Cell. C’était la même chose entre un SSJ2 et un SSJ3. Goku tenait tête à Majin Buu et aurait pu le détruire alors que Vegeta était clairement dominé (d’ailleurs il meurt). C’était clair, simple et efficace. Dans Dragon Ball Super, c’est flou et complexe
Cette complexité est à l’image du SSG et du SSB. Le SSB est apparu après seulement une vingtaine d’épisodes et le SSG a tout de suite été abandonné. Le problème est que la différence de force entre les deux stades ne crève pas l’écran. Nous avons franchement l’impression que le mode blue a été créé car le mode god ne convenait pas aux auteurs en terme de design.
Le manque d'entrainement...
Laissons les saiyens de côté et concentrons-nous désormais sur les personnages secondaires. Eux-aussi, ont des problèmes avec leur niveau de force. Prenons l’exemple de Krilin qui se fait blesser par une balle de revolver en voulant arrêter des malfrats. Cette action se passe dans un épisode de transition entre l’arc Zamasu et le tournoi inter-univers. Comment une balle peut-elle blesser Krilin, qui est un guerrier puissant doté d’une force de plusieurs dizaines de milliers d’unités? A seulement 10 unités, lors du début de Dragon Ball, Goku ne craignait pas vraiment les balles. Dix unités de force sont suffisantes pour avoir un corps aussi solide que du granit. Dragon Ball Super justifie la blessure de Krilin par un manque d'entraînement. Ce n’est pas le manque d'entraînement qui est à remettre en cause. La force de Krilin a certainement baissé puisqu’il se consacre à une vie de famille classique depuis plusieurs années. Cependant elle n’a pas pu revenir à seulement 10 unités ou moins. C’est comme le vélo, cela ne s’oublie pas.
Une balle de revolver blesse Krilin
L’autre exemple est celui de Piccolo qui est incapable de battre Frost ou Freezer. Rappelons que Piccolo est plus puissant qu’un simple SSJ comme nous avons pu le voir lors de l’arc narratif des cyborgs. Ici l’excuse du manque d'entraînement ne tient pas, car Piccolo a le combat dans le sang. C’est un guerrier qui n’a pas vraiment d’autres raisons de vivre que de devenir toujours plus fort. On imagine bien que durant les années de paix, il a continué à évoluer de son côté à l’inverse d’un Krilin ou d’un Gohan …
La transition est idéale car le sujet Gohan est aussi problématique dans Dragon Ball Super. Rappelez-vous de Gohan : sa force monstrueuse et sa classe légendaire. Dans DBS, il ne s’agit que d’un lointain souvenir. Gohan est littéralement mal traité par les différents ennemis (au moins jusqu’à l’arc inter-univers) et n’a plus aucune valeur auprès des scénaristes. C’était pourtant l’une des personnes les plus fortes après le combat contre Majin Buu. Ici aussi, l’excuse du manque d'entraînement est la cause de sa faiblesse. A tel point que Freezer l’humilie, alors que celui-ci n’est que dans sa forme basique ; c’est-à-dire sa forme la plus faible avant toute transformation. Donc Freezer est normalement loin d’avoir le niveau pour rivaliser contre un SSJ. La justification du manque d'entraînement de Gohan ne tient pas. Il avait déjà eu une grande période de repos entre les arcs narratifs de Cell et Buu. Pendant ces sept années, le jeune garçon avait effectivement perdu un peu de force. Vegeta l’avait noté et ne s’était pas gêné pour lui faire remarquer lors de l’affrontement contre Dabla. Cependant, Gohan était toujours capable de se transformer en SSJ2. Dans DBS, le laps de temps est plus court et pour résumer rapidement, il passe d’un SSJ3 (en terme de force) à un SSJ1. En plus, il se fait battre par Freezer. Cherchez l’erreur …
L'humiliation de Gohan (tiré du film)
Akira Toriyama avait construit un univers plutôt cohérent dans Dragon Ball en réussissant à suivre une certaine logique dans la course à la puissance. Dans Dragon Ball Super toutes ces règles ont plus ou moins été bafouées sans avoir en retour une justification acceptable. Difficile de savoir qui est vraiment derrière Dragon Ball Super. Toriyama a clairement annoncé dans une interview que ses souvenirs lui font défaut[1], mais il n’est certainement plus seul à écrire le scénario. L’impression ressentie quand on visionne DBS est que les auteurs ne maîtrisent pas totalement leur sujet. Même DB GT était plus logique sur le sujet des puissances malgré d’autres nombreux problèmes. Heureusement que le manga Dragon Ball Super est mieux ficelé par rapport à la série animée. Cela se traduit concrètement par une cohérence des puissances mieux respectée et des justifications beaucoup moins hasardeuses.